Sondages élections législatives françaises 2024 : les intentions de vote des Français avant le scrutin

Les législatives françaises de 2024 ont marqué un tournant majeur dans le paysage politique hexagonal. Face aux prévisions des sondages, les résultats ont révélé des écarts considérables, suscitant de nombreuses interrogations sur la fiabilité des enquêtes d’opinion. Analysons en détail les intentions de vote, les projections et les facteurs qui ont influencé cette élection particulièrement suivie par les Français.

Intentions de vote et projections avant le scrutin

À l’approche du premier tour des élections législatives 2024, les instituts de sondage plaçaient unanimement le Rassemblement national en tête des intentions de vote avec 36%. Le Nouveau Front populaire (NFP) arrivait en deuxième position avec 29%, suivi du camp présidentiel « Ensemble » à 21%. Les Républicains et Reconquête ! complétaient ce tableau avec respectivement 6,5% et 1,5% des intentions.

Les projections en nombre de sièges annonçaient une configuration politique inédite :

  • RN et alliés : entre 220 et 260 sièges
  • Nouveau Front populaire : entre 180 et 210 sièges
  • Ensemble : entre 75 et 110 sièges
  • Les Républicains : entre 25 et 50 élus

Malgré cette avance significative, le RN restait mathématiquement loin des 289 sièges nécessaires pour obtenir une majorité absolue à l’Assemblée nationale. La mobilisation électorale s’annonçait exceptionnelle avec 77% des sondés se déclarant certains d’aller voter au premier tour, et un taux de participation qui a effectivement atteint 63%, soit 15,5 points de plus qu’aux législatives de 2022.

Les procurations ont joué un rôle crucial dans cette mobilisation, avec plus de 2 millions établies (2.124.918 au 26 juin), représentant 5,1 fois plus qu’aux législatives précédentes. Le taux de dématérialisation de ces procurations s’élevait à 77%, témoignant d’une évolution des pratiques électorales.

L’écart entre sondages et résultats définitifs

La surprise majeure de ces élections réside dans l’écart considérable entre les prévisions des sondages et les résultats définitifs. Alors que les enquêtes d’opinion donnaient le RN largement en tête avec des projections entre 250 et 280 sièges, la réalité des urnes a livré un verdict bien différent :

Formation politique Sièges obtenus Position
Nouveau Front populaire 182 1ère
Ensemble (camp présidentiel) 163 2ème
RN et alliés 143 3ème

Bernard Sananès, président d’Elabe, a reconnu publiquement cette différence majeure : « Il s’est passé une surprise totale, ne nous racontons pas d’histoire ». Le phénomène du « front républicain » contre l’extrême droite s’est révélé beaucoup plus puissant que prévu.

Vincent Thibault d’Elabe a souligné ce revirement : « On mesurait il y a trois jours un front républicain très faible, moribond, et hier (dimanche), il a été très puissant ». Cette analyse est corroborée par Brice Teinturier d’Ipsos qui a confirmé que « le front républicain a été encore plus puissant que ce qui avait été mesuré ».

Selon les sondés, plusieurs facteurs expliquent cette contre-performance du RN :

  1. Un front républicain très suivi (40%)
  2. Un excès de confiance du RN (38%)
  3. Les candidats RN ayant tenu ou relayé des propos controversés (32%)
  4. La polémique sur les binationaux (25%)
  5. La mauvaise préparation de certains candidats (25%)

Sondages élections législatives françaises 2024 : les intentions de vote des Français avant le scrutin

Les thèmes prioritaires et la perception des programmes

Les électeurs français ont identifié plusieurs thèmes déterminants dans leur choix électoral, reflétant les préoccupations majeures de la société en 2024. Le pouvoir d’achat s’est imposé comme la priorité absolue pour 58% des votants, suivi par la sécurité (36%), l’immigration (33%) et la santé (28%).

D’autres sujets comme les retraites (18%), l’environnement (17%) et l’éducation (17%) complètent ce panorama des priorités citoyennes. Ces thématiques ont structuré les débats pendant la campagne et influencé les stratégies de communication des différentes formations politiques.

Concernant la crédibilité des programmes économiques, les Français se sont montrés globalement sceptiques envers toutes les forces politiques. Le programme du RN était jugé crédible par 36% des sondés (62% le jugeant non crédible), celui d’Ensemble par 33% (65% non crédible) et celui du NFP par seulement 26% (72% non crédible).

Perception des résultats et gouvernabilité du pays

Au lendemain du scrutin, une large majorité de Français (71%) s’est déclarée insatisfaite des résultats et de la composition de la nouvelle Assemblée nationale. Seuls 29% se disaient satisfaits, dont à peine 4% très satisfaits. Cette insatisfaction traversait tous les électorats, avec des pics chez les électeurs du RN (94%), de LR (79%) et d’Ensemble (78%).

À l’inverse, 60% des électeurs du NFP se montraient satisfaits de la configuration parlementaire issue des urnes, constituant ainsi l’exception dans ce paysage de mécontentement généralisé.

La question de la gouvernabilité du pays inquiète particulièrement les Français : 74% estiment que la France n’est pas gouvernable après ces élections, contre seulement 25% qui pensent le contraire. Ce pessimisme transcende les clivages politiques, touchant 93% des électeurs RN, 83% des électeurs LR, 68% des électeurs d’Ensemble et même 58% des électeurs du NFP.

La décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée nationale est désormais considérée comme une mauvaise décision par 65% des Français, alors que 34% l’approuvent. Ce jugement s’est complètement inversé depuis l’annonce de la dissolution, où 58% des sondés l’estimaient initialement comme une bonne décision le 15 juin.