Sondage élections européennes : comprendre le vote et les profils des électeurs

Les élections européennes du 9 juin 2024 ont marqué un tournant dans le paysage politique français. Avec une participation historique et des résultats qui confirment certaines tendances tout en révélant de nouvelles dynamiques, ces élections méritent une analyse approfondie. Les sondages pré-électoraux et post-électoraux nous permettent de mieux comprendre qui a voté, pourquoi, et comment se dessine désormais l’échiquier politique français à l’échelle européenne. Analysons ensemble les principales conclusions que nous pouvons tirer de ces sondages européennes et ce qu’ils nous révèlent sur l’état de l’opinion publique française.

Le RN loin devant dans les résultats et tendances des sondages européennes

Le Rassemblement National s’est imposé comme la force politique dominante lors de ce scrutin européen avec un score sans précédent de 31,4%. Cette performance constitue particulièrement le plus important score jamais obtenu par une liste mono-partisane aux élections européennes en France. La liste menée par Jordan Bardella a su capitaliser sur un électorat fidèle et diversifié.

Les sondages d’intentions de vote montraient déjà cette tendance depuis plus d’un an. Entre mai 2023 et juin 2024, le RN est passé d’environ 25% à 32,5% dans les estimations des instituts de sondage. Cette progression constante témoigne d’une dynamique favorable qui s’est confirmée dans les urnes.

À l’inverse, la liste Renaissance de la majorité présidentielle, menée par Valérie Hayer, a terminé en deuxième position avec seulement 14,6% des suffrages. Les sondages avaient anticipé cette contre-performance, montrant une érosion progressive du soutien à la majorité présidentielle, passant de 19% en mai 2023 à environ 15% à la veille du scrutin.

Le tableau ci-dessous récapitule les principaux résultats des élections européennes 2024 :

Liste Tête de liste Résultat
Rassemblement National Jordan Bardella 31,4%
Renaissance Valérie Hayer 14,6%
PS-Place Publique Raphaël Glucksmann 13,8%
La France Insoumise Manon Aubry 9,9%
Les Républicains François-Xavier Bellamy 7,2%

Un niveau de participation largement supérieur aux précédents scrutins

Avec 51,5% de participation, ces élections européennes ont connu le taux de mobilisation le plus élevé depuis 1994. Cette hausse significative par rapport aux scrutins de 2019 (50,1%), 2014 (44,2%) et 2009 (41,3%) montre un regain d’intérêt des Français pour les enjeux européens.

L’analyse des sondages révèle une mobilisation particulièrement forte chez certaines catégories de la population traditionnellement abstentionnistes :

  • Les jeunes de moins de 35 ans (41% de participation)
  • Les catégories populaires (47% de participation)
  • Les électeurs des zones rurales et périurbaines
  • Les sympathisants des partis dits « antisystème »

Néanmoins, l’abstention reste plus élevée chez les très jeunes (73% chez les moins de 25 ans) et dans certaines catégories sociales (57% chez les catégories populaires). Les sondages indiquent que 43% des abstentionnistes justifient leur choix par le sentiment que ces élections n’auront pas d’impact sur leur situation personnelle.

L’intérêt pour la campagne électorale européenne a progressivement augmenté au fil des années : 24% des Français se disaient intéressés en 2009, 35% en 2014, et 39% en 2019 comme en 2024. Cette stabilisation à un niveau relativement élevé témoigne d’une meilleure prise en compte des enjeux européens dans le débat public français.

Sondage élections européennes : comprendre le vote et les profils des électeurs

Un Rassemblement National qui ancre son assise dans les milieux populaires

La sociologie du vote révélée par les sondages post-électoraux montre un RN qui arrive en tête dans presque toutes les strates de la société française. Le parti de Marine Le Pen confirme et renforce son ancrage dans les catégories populaires avec le soutien de près d’un ouvrier sur deux (47%) et d’un employé sur trois (32%).

En termes d’âge, la liste RN est arrivée en tête dans toutes les tranches intermédiaires, à l’exception des moins de 25 ans et des plus de 65 ans. Cette performance témoigne d’un élargissement de sa base électorale au-delà de ses bastions traditionnels.

Les transferts de voix analysés par les sondeurs montrent que le RN a réussi à fidéliser 85% de l’électorat de Marine Le Pen de la présidentielle 2017, tout en captant 15% des électeurs fillonistes. À l’inverse, la liste Renaissance n’a rassemblé que 60% de l’électorat d’Emmanuel Macron de 2017, avec un report significatif d’un cinquième de ces électeurs vers les écologistes.

Les motivations de vote révèlent que 44% des Français ont utilisé ce scrutin pour sanctionner le gouvernement (contre 38% en 2019). Les enjeux déterminants cités par les électeurs sont principalement :

  1. La santé (66%)
  2. La lutte contre le terrorisme (65%)
  3. La sécurité (64%)
  4. La lutte contre l’immigration clandestine (59%)
  5. Le pouvoir d’achat (57%)

Ces préoccupations ont clairement favorisé les formations politiques qui ont su se positionner sur ces thématiques, au premier rang desquelles le Rassemblement National.

Notre méthodologie de sondage pour les élections européennes

Les instituts de sondage ont utilisé des méthodologies rigoureuses pour suivre les intentions de vote et analyser les comportements électoraux. La technique du « rolling », qui consiste à suivre la moyenne des cinq derniers sondages, a permis de lisser les résultats et d’observer les tendances sur le moyen terme avec plus de fiabilité.

Les échantillons représentatifs de la population française âgée de 18 ans et plus ont été constitués selon la méthode des quotas (sexe, âge, profession) après stratification par région et catégorie d’agglomération. Cette approche garantit une image fidèle de l’électorat français dans toute sa diversité.

Les interviews ont été principalement réalisées par questionnaires auto-administrés en ligne, une méthode qui favorise la sincérité des réponses sur des sujets politiquement sensibles. Au total, 141 études d’opinion ont été recensées concernant ces élections européennes entre mai 2023 et juin 2024, ce qui constitue un corpus d’analyse particulièrement riche.

Cette densité d’enquêtes d’opinion a permis de suivre avec précision les évolutions des intentions de vote et d’anticiper les grandes tendances qui se sont confirmées le jour du scrutin, notamment la domination du RN, la progression du PS-Place publique et le recul de Renaissance.