Sondage législatives : les intentions de vote des Français pour les élections

Les derniers sondages publiés par Elabe et Ifop révèlent les intentions de vote des Français face à l’hypothèse d’une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale. Ces enquêtes d’opinion, réalisées début juin 2025, dressent un panorama détaillé des forces politiques en présence et des réactions citoyennes face à cette éventualité. Décryptage des principales tendances qui se dégagent dans un contexte politique toujours marqué par les conséquences de la dissolution de 2024.

Le Rassemblement National en position dominante dans les sondages législatives

Si de nouvelles élections législatives étaient organisées aujourd’hui, le Rassemblement National s’imposerait comme la force politique dominante. Les instituts de sondage s’accordent sur cette tendance lourde, avec des intentions de vote oscillant entre 32,5% et 35% selon les enquêtes. Cette performance consoliderait les résultats obtenus lors du scrutin de 2024, où le parti avait recueilli 33,22% des suffrages au premier tour.

La solidité de l’électorat RN constitue un facteur déterminant dans ces projections. Les données indiquent que 84% des électeurs du parti en 2024 lui resteraient fidèles en cas de nouvelles élections. Cette base électorale stable se combine avec une capacité à séduire différentes catégories socioprofessionnelles :

  • 36% des intentions de vote chez les actifs
  • 45-46% auprès des ouvriers et employés
  • 28-29% chez les retraités

Face à cette domination, les autres forces politiques peinent à rivaliser. À gauche, les sondages présentent deux scénarios distincts. Dans l’hypothèse d’une gauche unie sous la bannière du Nouveau Front Populaire (NFP), les intentions de vote varient significativement selon les instituts : 21% d’après Elabe contre seulement 14% selon l’Ifop. La fidélité des électeurs de gauche atteindrait 74%, un niveau honorable mais insuffisant pour concurrencer le RN.

En cas de division de la gauche, scénario également testé par les sondeurs, une alliance PS/EELV/PCF recueillerait environ 16% des intentions de vote, devançant La France Insoumise créditée de 8% à 10%. Cette fragmentation bénéficierait mécaniquement au Rassemblement National en éparpillant les voix de l’opposition.

Formation politique Intentions de vote (Elabe) Intentions de vote (Ifop)
Rassemblement National 32,5-33% 35%
NFP (gauche unie) 21% 14%
Ensemble/Renaissance 15,5% 18%
Les Républicains 10% 12%

Les Français majoritairement opposés à une nouvelle dissolution

Malgré la clarification du paysage politique que pourrait apporter une nouvelle dissolution, les Français rejettent massivement cette hypothèse. Les sondages révèlent que 65% des personnes interrogées ne souhaitent pas que le président de la République dissolve à nouveau l’Assemblée nationale, un an seulement après la précédente dissolution.

Cette réticence est particulièrement marquée chez les électeurs du camp présidentiel (80%) et des Républicains (68%). Même parmi les sympathisants de gauche, les avis divergent : si 55% des électeurs de La France Insoumise soutiennent l’idée d’une dissolution, 70% des sympathisants socialistes s’y opposent fermement. Seuls les électeurs du Rassemblement National se montrent favorables à cette option, et encore de justesse, avec 55% d’opinions positives.

Cette opposition s’explique en partie par le jugement sévère porté sur la dissolution de 2024. Un an après, 71% des Français estiment qu’il s’agissait d’une mauvaise décision, soit une augmentation de 6 points en douze mois. Ce diagnostic traverse l’ensemble des sensibilités politiques, avec plus de 70% d’opinions négatives dans tous les électorats. Les sentiments dominants face à cet épisode sont :

  1. L’incompréhension (43% des répondants)
  2. L’indifférence (25%)
  3. La colère (21%)

Par ailleurs, une large majorité de Français (70%) ne croit pas qu’Emmanuel Macron procédera à une nouvelle dissolution prochainement. Ce scepticisme reflète sans doute la perception d’un président affaibli par l’échec de sa stratégie politique précédente.

Sondage législatives : les intentions de vote des Français pour les élections

Les impacts politiques de l’absence de majorité absolue

Le paysage politique issu de la dissolution de 2024 continue de façonner les perceptions des Français sur le fonctionnement des institutions. Pour 63% des personnes interrogées, l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale constitue une mauvaise chose pour le pays. Ce sentiment est particulièrement partagé par les électeurs du camp présidentiel (73%), des Républicains (73%) et du Rassemblement National (69%).

Les conséquences négatives de cette configuration politique sont clairement identifiées : 74% des Français considèrent que la dissolution a entravé l’action gouvernementale et freiné les réformes nécessaires. Plus grave encore, 81% estiment que cet épisode a fait perdre du temps au pays dans un contexte international particulièrement instable.

Dans ce tableau politique fragmenté, le Rassemblement National apparaît comme le principal bénéficiaire de la séquence ouverte en 2024. Pour 42% des Français (en hausse de 8 points en six mois), le parti de Marine Le Pen est celui qui sort le plus renforcé de cette période. Cette perception contribue à consolider sa position dans les intentions de vote pour d’éventuelles législatives anticipées.

Les électeurs du Nouveau Front Populaire se montrent plus nuancés sur les conséquences de l’absence de majorité absolue, avec 51% qui la jugent négative contre 48% qui y voient une bonne chose. Cette division reflète des stratégies différentes au sein de la gauche, entre ceux qui privilégient la stabilité institutionnelle et ceux qui voient dans le blocage parlementaire une opportunité de contestation.