Sondage élections européennes : profil des électeurs et analyse du vote

Les élections européennes de 2024 ont marqué un tournant dans le paysage politique français. Les **sondages pré-électoraux** et les **analyses post-scrutin** révèlent des tendances significatives tant au niveau des intentions de vote que du profil des électeurs. Cet article analyse en profondeur les résultats du scrutin du 9 juin 2024, en s’appuyant sur les données recueillies par différents instituts de sondage et sur le comportement électoral des Français.

Le RN loin devant dans les sondages et les urnes

Depuis mai 2023, les intentions de vote pour le Rassemblement National n’ont cessé de progresser dans les sondages. La liste menée par Jordan Bardella est passée d’environ 25% à plus de 31% à l’approche du scrutin. Cette tendance s’est confirmée lors des élections du 9 juin 2024, où le RN a obtenu 31,4% des suffrages, son meilleur score historique aux européennes.

La liste Renaissance, portée par Valérie Hayer, a connu une trajectoire inverse. Créditée de 19-20% en mai 2023, elle a progressivement décliné pour atteindre 15-17% dans les derniers sondages, pour finalement recueillir 14,6% des voix le jour du scrutin. Cet écart de près de 17 points avec le RN illustre la profonde reconfiguration du paysage politique français.

Les autres formations politiques se sont positionnées comme suit :

  • PS-Place Publique (Raphaël Glucksmann) : 13,8%
  • La France insoumise : 9,9%
  • Les Républicains : 7,2%
  • Les Écologistes : 5,5%
  • Reconquête : 5,5%

Ces résultats confirment globalement les prévisions des sondeurs, qui avaient correctement identifié l’ordre des listes et leurs scores respectifs. L’agrégation des 141 études d’opinion réalisées depuis mai 2023 montre la fiabilité de la méthode du « rolling », calculant la moyenne des cinq derniers sondages pour lisser les variations.

Liste Dernières intentions de vote Résultat final Écart
RN (Bardella) 31-32,5% 31,4% ≈ 0,3%
Renaissance (Hayer) 15-17% 14,6% ≈ 1,4%
PS-PP (Glucksmann) 13,5-14% 13,8% ≈ 0,1%

Profil des électeurs et déterminants du vote européen

La participation aux élections européennes 2024 a atteint 51,5%, le niveau le plus élevé depuis 1994. Cette mobilisation exceptionnelle contraste avec les scrutins précédents et témoigne d’un intérêt croissant pour les enjeux européens. Les moins de 35 ans (41%) et les catégories populaires (47%) se sont davantage mobilisés qu’en 2019, bien que les catégories modestes (50%) et pauvres (44%) soient restées moins participatives.

Parmi les abstentionnistes, 43% estiment que ces élections n’ont pas d’impact sur leur situation personnelle, révélant un sentiment persistant de déconnexion entre les politiques européennes et le quotidien des citoyens. Néanmoins, l’intérêt pour la campagne électorale européenne a progressé au fil des années : 24% des Français s’y intéressaient en 2009, contre 39% en 2024.

Les déterminants du vote révèlent une dimension nationale importante. Si 54% des Français affirment avoir voté en fonction d’enjeux européens (contre 61% en 2019), 44% reconnaissent avoir utilisé leur bulletin pour sanctionner le gouvernement (contre 38% en 2019). Les principales préoccupations ayant guidé les choix électoraux sont :

Le pouvoir d’achat arrive en tête des préoccupations (22% le placent en premier), suivi de l’immigration (15%) et l’environnement (11%). Les électeurs attendent également de l’Union européenne une action prioritaire sur la crise migratoire (42%), la lutte contre le changement climatique (36%) et l’avenir de l’agriculture européenne (35%).

Sondage élections européennes : profil des électeurs et analyse du vote

Perception de l’Union européenne et conséquences politiques

Les résultats du scrutin révèlent une relation ambivalente des Français avec l’Union européenne. 54% des sondés estiment que les décisions de l’UE ont un impact plutôt négatif ou pas d’impact (22%) sur la France. Cette défiance vis-à-vis des institutions européennes se traduit par une forte demande de souveraineté nationale : 71% des répondants considèrent qu’il faut renforcer la souveraineté de la France, et 14% souhaitent même un Frexit.

La perception de l’UE varie également selon les domaines de compétence. Si 39% privilégient le niveau européen pour les décisions de défense, 46% pensent que le contrôle des déficits doit revenir aux États-membres, et 47% estiment que les mesures sociales doivent relever de la compétence nationale. Par ailleurs, 53% des sondés jugent contradictoire d’envisager une « souveraineté européenne ».

Le vote RN présente des particularités selon les catégories socio-professionnelles. Il arrive en tête chez les personnes proches d’un syndicat (23%), mais avec un score moins élevé que dans l’ensemble de la population (31,5%). Des différences significatives existent selon les affiliations syndicales :

  1. CGT : LFI (25%), RN (24%)
  2. FO : RN (34%), LFI et PS-PP (12% chacun)
  3. CFDT : PS-PP (26%), RN (22%), Renaissance (21%)
  4. CFTC et CFE-CGC : Renaissance arrive en tête

Les conséquences politiques de ce scrutin ont été immédiates. Suite aux résultats, le président Emmanuel Macron a annoncé la dissolution de l’Assemblée nationale et convoqué des élections législatives les 30 juin et 7 juillet 2024. Cette décision faisait écho aux attentes de 54% des Français qui souhaitaient une dissolution (83% chez les électeurs du RN et de Reconquête, 72% chez les électeurs de LFI).